vendredi 23 mars 2012

je te regarde à terre le visage découpé
je regarde les sillons que l’espoir a creusés en toi
les nouveaux chemins de ton corps à parcourir
je regarde ce qui m’est inconnu
tes terres inhabitées
je regarde ce qui m’est inaccessible

Peut-être reviendrais-je encore pour découper ton corps arracher tes membres dépecer tes os
je peux aiguiser mes dents entailler ta chair jusqu’à rogner l’os
je peux disperser tes restes, les laisser aux vautours – la douleur qui a marqué ton corps ne rend pas ta chair moins bonne à manger
je m’en satisferai

tes os je les nettoierai les mettrai à blanchir au soleil
il me restera la poudre utilisable en quelque potion – je craindrais de laisser retourner à la terre quelconque parcelle de toi
- que n’irais-tu lui dire ?

je craindrais de te laisser reposer en quelque espace - que tu continues plutôt à nourrir inlassablement les instincts sauvages
- qu’il t’ait fallu mourir pour nourrir la meute est un moindre mal

Mais tu restes bien vivant, éclatant de santé au milieu de tous ceux qui ne t’ont pas vu tomber
pas un ne remarque l’œil fixe le désordre incessant des pensées ne se voit pas l’effort à accomplir les gestes du quotidien ne se mesure pas
- là se situent justement tes espaces de liberté
pas un ne vomit un torrent d’imprécations à ton encontre – quand chacun devrait te maudire
l’air qu’ils respirent tu le respires
tu traînes en tout lieu un peu plus paresseusement
il n’y avait rien de grand à accomplir

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Les deux montagnes l’une en face de l’autre n’ont pas bougé
je peux les regarder longuement et me fondre dans cette immobilité
- ainsi je te laisse passer

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Tu pâlis plus vite le jour mais tu as entamé un cycle qu’il te faudra poursuivre

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Cela fait un mois que nous avons installé un nichoir, des graines et de l’eau
les oiseaux ne sont pas venus manger
ils ont dû sentir l’odeur de la meute
le piège est trop grossier – on en voit les ficelles
je me demande comment tu as pu tomber dedans
- l’inexpérience j’imagine