je
te regarde à terre le visage découpé
je
regarde les sillons que l’espoir a creusés en toi
les
nouveaux chemins de ton corps à parcourir
je
regarde ce qui m’est inconnu
tes
terres inhabitées
je
regarde ce qui m’est inaccessible
Peut-être
reviendrais-je encore pour découper ton corps arracher tes
membres dépecer tes os
je
peux aiguiser mes dents entailler ta chair jusqu’à rogner l’os
je
peux disperser tes restes, les laisser aux vautours – la douleur qui a marqué
ton corps ne rend pas ta chair moins bonne à manger
je
m’en satisferai
tes
os je les nettoierai les mettrai à blanchir au soleil
il me restera la poudre utilisable en quelque potion – je craindrais de laisser retourner à la terre quelconque parcelle de toi
il me restera la poudre utilisable en quelque potion – je craindrais de laisser retourner à la terre quelconque parcelle de toi
- que
n’irais-tu lui dire ?
je
craindrais de te laisser reposer en quelque espace - que tu continues plutôt à
nourrir inlassablement les instincts sauvages
- qu’il
t’ait fallu mourir pour nourrir la meute est un moindre mal
Mais
tu restes bien vivant, éclatant de santé au milieu de tous ceux qui ne t’ont
pas vu tomber
pas
un ne remarque l’œil fixe le désordre incessant des pensées ne se voit pas l’effort
à accomplir les gestes du quotidien ne se mesure pas
- là
se situent justement tes espaces de liberté
pas
un ne vomit un torrent d’imprécations à ton encontre – quand chacun devrait te
maudire
l’air
qu’ils respirent tu le respires
tu
traînes en tout lieu un peu plus paresseusement
il
n’y avait rien de grand à accomplir
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Les deux montagnes l’une en face de l’autre n’ont pas bougé
je
peux les regarder longuement et me fondre dans cette immobilité
- ainsi
je te laisse passer
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Tu pâlis plus vite le jour mais tu as entamé un cycle qu’il te faudra poursuivre
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Cela fait un mois que nous avons installé un nichoir, des graines et de l’eau
les
oiseaux ne sont pas venus manger
ils
ont dû sentir l’odeur de la meute
le
piège est trop grossier – on en voit les ficelles
je
me demande comment tu as pu tomber dedans
- l’inexpérience
j’imagine