mercredi 7 mars 2012

Abîme 1.

Un grand trou noir. En l’effleurant de la main, cela semble juste rugueux. Mais la surface a de multiples petites aspérités pointues qui transpercent chaque partie du corps qui passe dessus.
On peut s’y engouffrer, s’y glisser, s’y cramponner, s’y traîner. Plus le corps est en contact avec la surface, plus la peau s’y blesse, s’y déchire pour y laisser accroché des bouts d’elle-même. Il faut en passer par là. Chacun peut vivre différemment l’expérience, sans ce que ce soit nécessairement douloureux. Le trou attire, la sensation du gouffre libère, le néant voile. On s’approprie peu à peu le silence. Si sa densité inquiète au premier abord, le glissement continu du corps l’amoindrit. La peau semble presque une écorce; en tout cas des épaisseurs multiples dont on peut se séparer en allant toujours plus loin dans le vide ; le vide vers le bas. La surface est froide également; elle ne donne aucune envie de s’y attarder. Quelle que soit la partie du corps et quel que soit l’endroit où l’on se situe sur la circonférence, la sensation est suffisamment désagréable pour qu’on n’envisage pas d’y rester. Seul vient à l’esprit de poursuivre la descente. C’est un fait inexpliqué jusqu’à présent