dimanche 22 juillet 2012

la gorge s'est ouverte largement pour accoucher des mots. Au début les mots se faufilaient dans un canal étroit, douloureusement. Ils avaient l'impression de perdre leur identité par le contact avec l'extérieur. La réalité intérieure, concrète, sensible du corps qui se transforme en mots ne passait pas l'épreuve de la gorge. L'air, le son, la résonance du mot le condamnaient.

comme un fil se déroulerait au sortir de la gorge avec les mots accrochés dessus.
trajet des muscles, des jambes, du ventre, des bras jusqu'à la gorge.
les mots devraient prendre son et sortir à l'endroit où ils ont été conçus.

ainsi chaque muscle a droit à la parole, et les jambes qui n'ont pas de racines dans la terre, et les bras qui ne savent pas où se mettre, ont du mal à prendre la parole, sont toujours un peu en retard, et le ventre qui serrerait les dents s'il en avait, les épaules qui aiment bien se faire plaindre.

pourquoi le chemin est-il si long entre l'origine du mot et le son qui s'y accroche?